Bonjour à tous ! Ouaip je sais, ça fait un petit moment que j'ai pas fait grand chose sur le blog, mais c'est que je suis assez prise par le lycée ^^'
Cette fois-ci, je vous offre l'histoire dont je suis la plus fière pour le moment. En même temps, elle m'a un peu sauvée de la page blanche qui me durait depuis six mois, alors je lui en suis trèèès reconnaissante. =3
Petite info en sup : elle a été écrite avant "Électron libre".
Info 2 : Corrigée par mon prof de français que j'aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ! XD
Il
existait un homme – une des premières fortunes du monde – qui avait lu tous les
livres ayant existé. Dès sa naissance, il s’est intéressé à la bibliothèque de
ses parents et passait son temps à la regarder jusqu’à ce qu’un jour, à l’âge
de ses 2 ans, sa gouvernante lui donne un livre de Voltaire. Ce qui se passa
alors resta à jamais dans la mémoire de cette femme et de la famille du
garçonnet ; ce dernier avait ouvert le livre et s’était mis à le lire avec
la plus grande concentration qui n’ait jamais existé. L’enfant avait appris à
donner un sens à une série de dessins étranges avant même de savoir bien
parler.
Au
fur et à mesure qu’il grandissait, ses parents étaient obligés de renouveler
sans cesse la bibliothèque que l’enfant avait terminée depuis longtemps. Tous
les livres présents dans la pièce avaient été ouverts au moins une fois par
l’enfant. Et, à la plus grande surprise de tous, quand il lisait, la langue du
texte n’avait aucune importance ; il comprenait. Absolument toutes les
langues, il comprenait. C’était bien sûr aussi le cas pour les langues mortes
comme le latin ou le grec. Pourtant, il était incapable de prononcer le moindre
mot dans ces langues, ne parlant que le français.
Ses
parents, croyant qu’il avait un potentiel énorme, avait tenté de lui apprendre
l’anglais. Mais rien ne rentrait dans la tête de l’enfant. Il avait beau
comprendre toutes les langues écrites du monde, il était un ignare quand il
s’agissait de les parler.
Lorsqu’il
devint adolescent, il avait déjà lu tous les livres qui dataient d’avant le
XIème siècle. À chaque fois qu’un nouveau livre lui parvenait, il se jetait
voracement dessus, terminant en trois heures un livre de deux milles pages. Il
dépensait tout l’argent à sa disposition en bouquins au grand dam de ses
parents désespérés d’essayer de l’intéresser à autre chose. Tous les
professeurs particuliers qui venaient pour apprendre les mathématiques, les
langues étrangères, la physique avec ses lois venues d’un autre monde, le
commencement du monde, la façon de bien se tenir à table, finissaient par
abandonner devant l’ampleur de la tâche d’un garçon qui leur jetait un regard
vide quand ils parlaient avant de retourner s’intéresser à son livre.
À
ses dix-huit ans, il avait lu tous les livres du monde jusqu’au XVIIIème
siècle. Cette période lui prenant beaucoup de temps par le nombre incroyable de
livres et de pièces de théâtre sortis pendant ce siècle des lumières.
Ces
avis concernant les livres qu’il avait lus étaient nombreux et divergents, mais
il ne les partageait qu’avec lui-même. Certains l’avaient fait rire, d’autres,
pleurer. On l’avait extasié, décontenancé, fait réfléchir, indigné, rempli de
joie, fait tomber amoureux… et tout cela de multiples fois.
À
vingt ans, il arriva au XXème siècle. Le style complètement différent des
autres siècles l’avait beaucoup interloqué. Alors qu’avant, tout se faisait
dans la chasteté la plus pure, on en venait au pornographique le plus
dégoutant. Il redoutait le moment où il devait lire un livre de ce genre-là
mais il le faisait quand même, suivant son objectif qu’il tenait secret depuis
sa naissance et qu’il n’avait jamais – au grand jamais – dévoilé à qui que ce soit.
Après
un livre comme ceux-là, il se lançait dans un livre beaucoup plus guimauve ou
aventureux pour faire passer le goût de l’horreur qu’il venait de lire. Certes
quelques uns étaient très bien écrits et méritaient la considération mais, pour
lui, c’était quelque chose d’ignoble.
Il
arriva à notre époque à l’âge de trente ans. C’était maintenant devenu un
homme. La lumière – autre que celle de la lampe qu’il utilisait – inexistante
dans la bibliothèque de son manoir, ou le manoir de sa bibliothèque, lui avait
donné un corps presque transparent tant il était devenu blanc. Tous les repas
qu’il avait sautés ou grignotés au-dessus d’un livre en faisant bien attention
ne pas y mettre de miettes l’avait rendu si maigre qu’il rentrerait tout à fait
dans un petit conduit d’aération. Ses yeux étaient entièrement entourés de
violet-gris, suite à de multiples nuits blanches. Ses cheveux – à la base bruns
– étaient devenus gris et gras.
Quand
on le regardait dans les yeux, il faisait presque aussi peur qu’Hitler pour les
juifs de la seconde guerre mondiale. La lueur de la vie qui donnait son sens à l’être
si pitoyable qu’était l’humain, n’existait pas, remplacé par quelque chose de
noir, obscur et terrifiant. Ce n’était même pas de la folie mais bien quelque
chose au delà que les médecins ne pouvaient comprendre quand ils étaient amenés
par les parents devant leur fils.
Concernant
les parents d’ailleurs, ils étaient tous les deux morts d’un accident d’avion
deux ans plus tôt, laissant toute leur fortune à leur fils unique. Celui-ci en
avait été tellement effondré qu’il n’avait pas lu pendant un jour. Cependant,
il s’était replongé rapidement et avec fièvre dans la folie que lui faisaient
respirer les livres.
Trois
ans plus tard, il avait terminé tous les livres du monde – passé et présent.
Dès qu’un nouveau sortait, il était le premier à l’acheter. En trente-trois
ans, il connaissait toutes les théories du monde, des métiers, des sentiments
et des secrets. Il pensait maintenant tout connaître. Et pourtant ! Il ne connaissait
rien puisqu’il n’avait toujours pas atteint son objectif… trouvé la réponse.
*
Lors
de la fête du jour de la naissance – la trente-quatrième – un nouveau livre
sortit. Il arriva chez l’adulte seulement deux heures après sa parution.
Celui-ci ouvrit le papier kraft qui le protégeait. La couverture était d’un
bleu profond, une lumière blanche semblait trembloter au milieu de ces couleurs
sombres qui l’attaquaient de toutes parts. Toute une pile de livres bleu clair
était ouverte devant cette lueur. Le titre, d’un blanc dégoulinant disait
ceci : « L’Homme aux Livres ».
Tout
de suite inspiré, l’adulte ouvrit la première page puis la deuxième qui
répétait le titre. Sur la troisième était inscrite la personne à qui était dédié
le livre. Dans une police Arial,
il y avait marqué « À toi, mon personnage éponyme. En espérant
qu’il te plaira. ».
Encore
plus intrigué qu’il ne l’avait jamais été, il débuta sa lecture. Pour la toute
première fois de sa vie, les mots lui apparaissaient tellement lentement.
Chaque déterminant, chaque verbe, chaque adverbe, chaque COD, chaque sujet le
touchait directement. Lui et seulement lui.
Les
larmes lui vinrent aux yeux alors qu’il terminait la quatre cent
trente-deuxième page du récit après quinze heures de lecture. Il n’avait jamais
mis autant de temps pour lire un livre. Mais celui-ci était spécial.
Touché
au plus profond de son âme, il se roula en boule sur le sol où il avait passé
toute la journée à lire et s’endormit, les larmes continuant de couler le long
de ses joues. À son réveil, il prit une décision – la plus grande qu’il eut
jamais prise.
Tout
en gardant les mêmes vêtements que la veille – et même de la semaine précédente
– il sortit pour la toute première fois des limites de son manoir. Il marcha
longtemps avant d’arriver dans une petite ville. Il héla un taxi et monta à
l’arrière de celui-ci. Quand il indiqua sa destination au chauffeur, l’homme
lui lança un regard totalement interloqué. Déjà le fait qu’un cadavre qui bouge
et parle soit monté dans son véhicule le surprenait beaucoup mais alors là. Il
prévint l’étrange homme que le prix qu’il allait payer revenait à des milliers
d’euros. Parce que franchement, traverser toute la France pour aller sur la
côte Atlantique…
Le
cadavre lui répondit qu’il n’avait pas à s’en faire, qu’il paierait. Alors,
toujours aussi étonné, le chauffeur appela sa femme qu’il ne serait de retour
chez lui que le lendemain soir. Très tard. Peut-être même encore plus tard s’il
y avait des bouchons. Mais il ne pouvait refuser la course, c’était la
meilleure affaire de sa vie !
Le
trajet dura exactement seize heures et trente-six minutes, avec deux pauses de
vingt minutes chacune. Totalement exténués par le voyage, ils arrivèrent dans
la ville touristique, très prisée par les Anglais, connue pour ses quatre tours,
son port qui avait fait sa richesse lors du commerce triangulaire et son
centre-ville très historique. L’adulte venait d’arriver à La Rochelle.
Durant
tout le long qu’avait duré le trajet, il avait longuement réfléchit. Mais pas à
lui ; à l’auteur de « L’Homme aux Livres ». Enfin plutôt
l’auteure. Son prénom était celui d’un vent que les marins appréciaient
beaucoup. L’orthographe de son nom de famille n’était utilisé que dans l’île d’Oléron,
à une heure de La Rochelle, toujours dans le Poitou-Charentes.
Il
n’avait pas eu besoin de faire des recherches pour savoir où elle habitait. Il
avait tout lu et il se souvenait de tout, même des papiers administratifs.
Le
chauffeur de taxis reçut par carte bancaire le sextuple de ce qu’il gagnait en
un mois. Il n’avait jamais été aussi heureux de sa vie. Après un au revoir à
cet homme bizarre, il était retourné chez lui pour une semaine de repos bien
méritée en compagnie de sa femme et de ses deux filles.
*
Le
milliardaire se tenait devant un petit portillon vert. Il eut beau appuyer sur
la sonnette quinze fois, personne n’alla ouvrir la porte blanche de la maison
au volets bleu ciel. Il poussa donc le portillon qui grinça. Il arriva devant
la porte qui disposait d’une petite fenêtre où on ne pouvait rien voir à
travers tant elle était trouble. À sa droite un houx bien vieux se tenait. Et
entre le mur et le houx, il y avait une poubelle grise. Un chat tout aussi gris
que la poubelle apparut. Il était en surpoids et quand il regarda l’inconnu, il
prit peur tout seul et s’enfuit en courant. « Quel chat peureux »
pensa l’homme.
Dans
l’encadrement de la porte, il y avait une petite cloche. Il la fit sonner
plusieurs fois. Et finalement, la fenêtre de la porte s’ouvrit, faisant
apparaître une jeune fille qui devait avoir la quinzaine. Ses cheveux
dépassaient de dix centimètres ses épaules. Ils étaient ondulés et mal coiffés
– peut-être même pas coiffés du tout. Ils étaient bruns très foncés si bien
qu’à certains endroits, on aurait pu les croire noirs.
Ses
yeux noisettes recelaient une lueur mature et lucide. Des cernes bleus les
entouraient comme pour essayer de les faire ressortir. Son nez était légèrement
penché. Ses lèvres, roses, étaient toutes abimées par les morsures de dents.
Les canines étaient d’ailleurs plus pointues que la normale, semblant faire son
bonheur. Son visage était garni de plusieurs boutons d’acné, rassemblés
principalement sur son front et son menton.
L’adolescente
lui fit un grand sourire et referma la fenêtre avant d’ouvrir sa porte. Elle
portait un tee-shirt à rayures horizontales qui avait un col roulé assez grand
qui retombait sur sa gorge. Pas celle que le commun des mortels croit mais bien
celle qui descendait jusqu’à la poitrine. La sienne était d’ailleurs d’une
taille assez simple, pas trop petite, ni trop grosse.
Sur
ses bras nus couraient de fins poils noirs dont elle semblait ne pas se
préoccuper. Son poignet était sec et rigide. Sa paume était celle d’un homme,
ses doigts, d’une pianiste. Un jeans bleu ceignait sa taille. Il ne collait pas
beaucoup à la peau mais arrivait quand même à dévoiler les cuisses bien
rebondies. L’adulte imaginait bien que c’était là le défaut dont elle essayait
de se débarrasser le plus. Mais qu’elle n’arrivait pas à faire d’effort pour
mettre son régime en application. Ses pieds étaient quant à eux, nus. Ils
avaient beaucoup de corne et étaient sales, preuve qu’elle préférait de loin
marcher pieds nus qu’en chaussure ou chausson.
La
jeune fille lui refit un sourire qui laissa apparaître une fossette sur la joue
droite et pas sur la gauche. Étrange…
L’adulte
sourit en retour. Il avait l’impression de faire cette action pour la toute
première fois.
Elle
s’écarte et le laissa entrer sur le seuil de la maison. Sur la gauche, une
porte qui menait à une chambre et une longue armoire sur tout le mur. Sur la
droite, une autre porte de chambre et un bureau envahi par des figurines de
poules. Même le mur était garni de tableaux représentant cet animal qui offrait
à l’homme des œufs magnifiques.
La
fille le conduisit dans le salon dont on en voyait un bout depuis l’entrée.
Dans cette pièce baignant dans la lumière, l’adolescente le regarda longuement.
Sous son regard, l’adulte se sentit rétréci à une tête d’épingle. Un chat tigré
et maigre regardait l’étrange échange qui se produisait devant lui.
Puis
le silence fut brisé :
« Je t’attendais L’Homme aux
Livres. »
Inconsciemment, il l’avait
toujours su. Cette réponse qu’il cherchait désespérément. Cet objectif à
atteindre. Le fait qu’il n’était pas normal, différent de autres.
L’Homme
aux Livres offrit sa main à la femme devenue fillette devant lui. Celle-ci lui
sourit une dernière fois puis un nuage de poussières fit place à l’homme. Il se
glissa lentement dans la peau de l’enfant.
Les
souvenirs du Monde venaient enfin de trouver le repos.
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