dimanche 24 février 2013

Électron Libre

Je vous propose de lire cette fois une nouvelle qui est toute nouvelle (^^Vous avez vu le jeu de mot à deux balles). Si je donnais un synopsis, ça serait : 
"Hélène Nature ne vis que comme un électron libre, se déplaçant de noyau en noyau sans jamais trouver l'ensemble de nucléons qui la gardera auprès d'elle."
Ouaip, ça parle d'électron. Mais non, presque pas, fuyez pas ! Cette histoire est née en physique-chimie dans un cours sur les atomes.
EDIT : Version corrigée en ligne ! ^^ C'est mon prof de français qui l'a corrigée. Il m'a même écrit un commentaire sur papier. Le voici dans sa version originale (parce que il y a une abréviation et un + qui se balade^^) :
Étonnant !
Très sympathique, agréable à lire, distrayant, drôle + et émouvant.
Quelle aisance ds le style & le ton !
Bravo ! Continue donc...






Hélène Nature était un électron libre. Elle venait de fêter ses 25 ans et suivait des études de Droit. C’était une femme plus petite que la moyenne, ses cheveux étaient couleur ébène, faisant ressortir sa peau blanche et parfaite. Des yeux orages agrémentaient le tableau.
Femme depuis bien longtemps, elle changeait tous les soirs de partenaire sans s’arrêter sur l’un d’eux en particulier. Elle vivait ainsi, ne s’attachant à personne, n’éprouvant de sentiments pour personne, demeurant dans une étrange solitude.

*

Ce soir encore, elle ramène un garçon à peine plus âgé qu’elle dans son appartement où, une fois encore, elle goûtera les plaisirs d’une nuit à deux. Le lendemain, elle le rejettera comme elle l’a déjà fait pour tant d’autres. Il la traitera de noms dégradants. Elle s’en moquera bien et le flanquera à la porte avant de se préparer pour aller en cours. Elle suivra ceux-ci avec le même flegme que d’habitude. Puis se sentant un peu trop fatiguée pour faire la fête le soir même, elle rentrera chez elle dans le seul but de se coucher.

*

Mardi matin. La précédente proie de Hélène tire sur un joint et s’amuse à faire des ronds avec la fumée. Cela réveille la jeune femme qui se redresse sur ses coudes et donne une légère claque sur la tête de son amant du soir.
- On fume pas chez moi.
- Ah désolé. L’habitude j’imagine.
Il se dirige vers la fenêtre et jette la clope dehors, se moquant des passants en bas. Il referme la fenêtre qui laissait pénétrer le froid et retourne sous les couvertures chaudes et accueillantes.
L’homme plante un baiser sur la gorge de Hélène qui rigole avant de le repousser. Elle quitte le lit faisant apparaître son corps nu. Sa poitrine est ferme et de taille respectable, la courbe de ses hanches est souple et affolante, son ventre est doux et soyeux. Ses cheveux décoiffés lui tombent au niveau des omoplates créant un mystère qui rend tous les hommes fous.
La jeune femme récupère ses affaires au sol et les enfile. Tandis qu’elle boutonne sa chemise, elle se tourne vers l’homme et lui dit :
- Bon, comme t’as été super hier soir, je t’autorise à prendre le petit-déj’ mais après tu te casses. Ok ?
- Ouaip, laisse-moi juste prendre une douche en plus.
- D’ac’. T’as droit au bonus.
- Thank you.
Hélène quitte la chambre et prépare le petit-déjeuner. C’est à dire, un bol de céréales avec du lait. Elle mange en silence. L’homme apparaît plus tard avec une serviette autour de la taille et les cheveux encore mouillés. Il s’installe en face de la jeune femme et se met à manger.
Quelques minutes plus tard, les deux amants quitte l’appartement. L’homme lui dit au revoir d’un long baiser.
- À une prochaine fois peut-être.
- Peut-être mouais.
- C’était vraiment sympa en tout cas. Merci Hélène.
- De rien…
Leur chemin se sépare et Hélène continue sa route, perdue dans ses pensées.

- C’était quoi son nom déjà ?

*

Le week-end est déjà arrivé et pour une fois, la coureuse de pantalon se repose au lieu de traîner dans les bars. Elle se sent trop fatiguée et les examens arrivent bientôt. Allongée dans son canapé, elle zappe tous les programmes télévisés, ne s’attardant sur aucun d’eux. Hélène s’ennuie ferme. Peut-être que finalement, elle va sortir.
Elle éteint la télévision, prend son manteau et part à l’extérieur. Elle se promène sous le soleil froid du printemps. Qui a dit qu’il faisait chaud en cette saison ? Ses pas se font légers et elle fredonne le même air que celui des moineaux. Elle s’arrête dans un petit parc souvent fréquenté. Assise sur un banc, elle regarde.
Elle regarde les gens.
Elle regarde les animaux.
Elle regarde le triste arbre.
Elle regarde l’aire de jeux.
Et tout ça la déprime. Peut-être que finalement elle aurait dû rester devant la télé. Elle enlève ses chaussures et remonte ses jambes sur le banc pour trouver une meilleure position. Ce faisant, elle attire tous les regards du sexe fort. Elle ricane intérieurement. Comment une catégorie que l’on peut manipuler si facilement peut-elle être appelée ainsi ?
Hélène sent que cette journée va probablement se passer différemment de ce qu’elle avait prévu. Alors elle remet ses chaussures et quitte le parc. Elle tient à rester vierge aujourd’hui.
Sur le chemin de sa maison, elle décide qu’en fait elle va aller au cinéma. À l’affiche : rien d’intéressant. Changement de plan. On rentre à la maison. Pour de bon.

*

- Et t’as quel âge ?
- J’viens tout juste d’avoir mes 21 ans.
- Ouah. C’est la jeunesse ça.
- Et toi ?
- Déjà vieille.
- Tu peux bien me dire. Aller.
- Ok, ok. 25 ans.
- Bah t’es pas vieille. Qu’est-ce tu m’racontes ?
- Laisse tomber, gamin. Un gosse comme toi ne peut pas comprendre.
- C’est pas gentil !
- Qui a dit que j’étais sympa ?
- Personne…
- Voilà.
- … Et tu viens souvent ici ?
- Pas spécialement.
- J’peux venir chez toi ?
- T’es marié ?
- Sûrement pas.
- Tant mieux. J’aurai pas à chercher quelqu’un d’autre.
- Pourquoi ?
- C’est pas parce que je traîne dans des bars de c’genre que j’ai pas de bonnes mœurs.
- Étonnant.
- C’est pas très gentil, ça.
- Qui a dit que j’étais sympa ?
- Tu te venges hein.
- Et ouais.
- Bon viens. On s’ennuie ici.

*

Les 26 ans arrivent finalement, causant un grand effroi à Hélène dont toutes les connaissances sont casées. Bien sûr ce ne sont que des connaissances. Hélène n’aime pas les amis. Elle préfère la solitude. Bien que celle-ci soit étrangement appliquée.
Au fil des jours qui s’écoulent, Hélène se met à réfléchir. Elle commence à vieillir irrévocablement et ça la désespère. À ce train là, elle ne se trouvera plus d’homme pour ses soirées. Et l’envie de donner la vie prend forme petit à petit dans son esprit. Elle passe de plus en plus de temps devant son miroir à chercher les rides du coin de l’œil et de la bouche ainsi qu’à regarder désespérément son ventre plat et le test de grossesse qu’elle s’est achetée.
Doit-elle faire cela ou pas ?
Cette question la taraudait. Mais elle la laissait flotter dans l’air avant de partir dans un bar à la recherche d’un nouvel amant.

*

Un objectif s’est formé dans la tête de Hélène : avoir un petit ami. Elle tente le coup avec un jeune homme de 23 ans qui lui avait fait ressentir une nuit de rêve. Il est en train de se doucher et Hélène peut entendre l’eau ruisseler de là où elle est. Quand l’homme sort, Hélène se lève et lui embrasse la joue avant de lui glisser doucereusement à l’oreille :
- Ça te dirait de sortir avec moi ?
Son amant accepte et les voilà ensemble. Il la quitte trois mois plus tard faute de sentiments de la part de Hélène. Celle-ci n’en a pas été plus touchée que ça et reprend rapidement avec ses habitudes malgré la rumeur grandissante qui la concernait.

*

Cette fois, Hélène a un objectif différent. Elle a finalement décidé de choisir cette option-là. Mais pour mettre son projet en application, il lui faut le plus beau spécimen. Elle le trouve dans ses anciennes conquêtes. Un homme de 25 ans, célibataire, non porteur de MST et absolument magnifique. Il avait déjà tenté de continuer à la voir après leur première nuit et Hélène répond enfin à son désir.
Ils sortent ensemble et quatre mois plus tard, Hélène, ayant enfin eu ce qu’elle voulait, rompt leur histoire. Lui, il n’est pas important, c’est l’autre qui l’est. Celui qu’elle est sûre d’aimer. L’homme s’énerve, supplie, menace, pleure. Mais rien à faire, il est mis à la porte.

*

Hélène fit quelque chose qu’elle n’avait jamais fait auparavant. Elle arrêta tout contact avec les hommes et se concentra entièrement sur elle. Son ventre commençait à gonfler.
Neuf mois plus tard, son projet était achevé. Elle accoucha d’une magnifique petite fille aux yeux gris – comme elle. Hélène l’aima de tout son cœur et comme jamais elle n’avait aimé. Elle cacha sa naissance au père biologique et éleva seule l’objet de toutes ses attentions. Elle arrêta pour de bon de coucher avec les hommes.
Hélène était enfin heureuse.

*

L’électron libre passait son temps à changer de noyau et ça le désespérait. Il avait tenté de s’accrocher à l’un mais il s’était vite fait éjecter en direction d’un autre groupe de protons et neutrons. Alors pour ne pas succomber à la tristesse, il s’était créé lui-même son noyau.
D’électron libre, Hélène Nature était enfin passée à un simple électron.

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