dimanche 21 octobre 2012

Vraiment ?




Aujourd’hui, je serai vendu. C’est ce qu’a dit le marchand d’esclave. Il a même ajouté que je lui rapporterais beaucoup d’argent parce que les Imanas sont une race en voie d’extinction.
Aujourd’hui, je suis vendu. L’homme qui m’achète à un air gentil mais j’ai appris à mes dépends que la première impression est trompeuse. Sous son beau masque se cache sûrement un démon. C’est un humain, il a la peau blanche alors que moi, qui suis un Imana, j’ai la peau rouge.
Aujourd’hui, j’ai été vendu et je m’avance d’un pas mal assuré vers mon destin, espérant qu’on me sauve.

OoOoO

- Comment tu t’appelles ?
- Renmoura.
- Bien, maintenant, tu seras n°3.
- …
- Demande-moi pourquoi.
- Pourquoi monsieur ?
- Parce que tu es le troisième Imanas que j’achète.
Il me disait ça pour se vanter, montrer l’étendue de sa fortune mais je suis content que d’autre Imanas soient avec moi. Je ne suis pas fier de ce sentiment, je devrais plutôt être en colère, mais quand on connaît la solitude comme moi, on ne peut s’empêcher d’être content d’en voir des comme moi.

OoOoO

Le portail en fer forgé s’ouvre devant le maître des lieux et moi, qui suis derrière lui comme un chien derrière son maître. Un esclave Imana s’avance vers nous.
- Bienvenu maître, dit-il d’une voix cassée.
Le maître des lieux lui remet son manteau sans un mot. On remonte l’allée de gravier jusqu’au manoir. Je regarde l’imposante bâtisse qui montre la puissance de son propriétaire. L’Imana ouvre la porte d’entrée en bois précieux et nous entrons dans le hall gigantesque. Moi, un pauvre Imana de 15 ans fût ébloui par tant de beauté. Pourtant, j’en avais connu des manoirs, et même un château, mais celui-ci surpassait tous les autres.
- N°1, montre-lui le dortoir, dit mon maître de sa voix grave, et donne lui ensuite du travail.
- Bien maître.
L’Imana n°1 me prit par le bras et on se dirigea vers l’escalier qui menait au sous-sol. Je regarde par dessus mon épaule, et voit un esclave de la même couleur de peau que mon maître lui ouvrir une porte qui avait l’air de donner sur une grande salle. Alors comme ça, même ceux qui ont la peau blanche peuvent aussi être esclave ?

OoOoO

- Qui ?
De quoi voulait-il parler ? Ah, je sais, de ceux qui m’ont dénoncé ce qui m’a valu être un esclave.
- La milice.
L’Imana n°1 hocha la tête.
- Je m’appelle Orginald.
- Renmoura.
- En présence du maître, tu dois m’appeler n°1, ok ? Quel est ton numéro ?
- N°3.
On avance jusqu’à une porte à moitié défoncée. Orginald l’ouvre dans un craquement. Il y avait dans la pièce plusieurs couches posées à même le sol. Un petit réchaud, éteint, était au centre de la pièce. Il ne doit pas dégager beaucoup de chaleur. Je sens que l’hiver va être froid. Heureusement qu’on est en été.
- Voici le dortoir, dit Orginald en montrant la pièce.
Il désigna une couche, près d’une autre porte que celle par laquelle on était entré.
- C’est ton matelas. Sois apprécié du maître et tu changeras de place pour être près du réchaud. Mécontente-le et tu iras dans la « chambre froide ». Dis-toi que c’est un frigo sans aliments. Akabal y est.
- Akabal ?
- N°2. Un Imana, comme nous deux.
- Où sont les autres esclaves ?
- Aux cuisines, dans le jardin, dans la maison à faire leur boulot.
- Et c’est quoi le mien ?
C’est pas que j’ai super envie de travailler mais je veux être prêt du réchaud pour l’hiver et il faut du temps pour être apprécié par un maître donc autant commencer maintenant. Orginald me regarde des pieds à la tête, pour me jauger puis finalement, il dit :
- Je pense que tu as la carrure pour aller chercher le bois, mais en ce moment, on n’en a pas vraiment besoin. Je crois que je vais te mettre à la maison. Tu sais nettoyer une pièce au moins ? (Je hoche la tête) Bien. Je vais te montrer où est le matériel.

OoOoO

Après cinq pièces (assez petites, je précise) de nettoyées, je passe à la suivante en ayant mal partout. Je pousse une porte au hasard et vois qu’elle donne sur le jardin. Comme j’ai une très grande curiosité, je vais à l’extérieur malgré le fait que je puisse avoir une grosse punition. La pelouse est bien tondue et de beaux rosiers ont été plantés à des endroits stratégiques. Je monte à un arbre, un pin je crois. Comme je suis agile et ne pèse pas lourd à cause de ma malnutrition, je réussis à monter jusqu’à la cime de l’arbre qui est plus haute que le toit du manoir qui fait deux étages. Je regarde alors ce que le monde m’offre. C’est magnifique ! J’ai l’impression d’être immense et de pouvoir me sauver tout seul de cette vie d’esclavage. C’est avec cette idée en tête que je redescends de l’arbre. Une forêt était à environ 500 mètres. Je marche normalement car je sais que si j’ai l’air normal, on ne fera pas attention à moi. Alors que si je cours… J’entre dans la forêt et sors ainsi du domaine grâce à celle-ci quelques heures plus tard. Je sais qu’on va me courser. On ne laisse pas un Imana s’échapper, surtout si ça peut nuire à la réputation du maître. Pourtant je me suis enfui même si je risque la mort, je n’ai pas respecté leurs règles. Je cours dans le magnifique champ où je suis arrivé jusqu’à perdre haleine.
Je serais libre.
Je suis libre.
J’étais libre.

OoOoO

Mais une chose me chiffonne, ce champ correspond parfaitement à la description qu’on m’a donné lorsque j’étais enfant, que le monde était encore sain d’esprit et que j’avais encore mes parents. Quand est-ce arrivé ? Quand je suis descendu de l’arbre ? Quand je me suis enfui dans la forêt ? Cet endroit ne veut-il pas dire que je vais pouvoir revoir mes parents ? Après tout, ce champ, c’est la description du paradis…


Dites moi ce que vous en avez pensé :D

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