Aujourd’hui, je
serai vendu. C’est ce qu’a dit le marchand d’esclave. Il a même ajouté que je
lui rapporterais beaucoup d’argent parce que les Imanas sont une race en voie
d’extinction.
Aujourd’hui, je
suis vendu. L’homme qui m’achète à un air gentil mais j’ai appris à mes dépends
que la première impression est trompeuse. Sous son beau masque se cache
sûrement un démon. C’est un humain, il a la peau blanche alors que moi, qui
suis un Imana, j’ai la peau rouge.
Aujourd’hui, j’ai
été vendu et je m’avance d’un pas mal assuré vers mon destin, espérant qu’on me
sauve.
OoOoO
- Comment tu
t’appelles ?
- Renmoura.
- Bien, maintenant, tu seras n°3.
- …
- Demande-moi pourquoi.
- Pourquoi monsieur ?
- Parce que tu es le troisième Imanas que
j’achète.
Il me disait ça pour se vanter, montrer
l’étendue de sa fortune mais je suis content que d’autre Imanas soient avec
moi. Je ne suis pas fier de ce sentiment, je devrais plutôt être en colère,
mais quand on connaît la solitude comme moi, on ne peut s’empêcher d’être
content d’en voir des comme moi.
OoOoO
Le portail en fer
forgé s’ouvre devant le maître des lieux et moi, qui suis derrière lui comme un
chien derrière son maître. Un esclave Imana s’avance vers nous.
- Bienvenu maître, dit-il d’une voix cassée.
Le maître des lieux lui remet son manteau
sans un mot. On remonte l’allée de gravier jusqu’au manoir. Je regarde
l’imposante bâtisse qui montre la puissance de son propriétaire. L’Imana ouvre
la porte d’entrée en bois précieux et nous entrons dans le hall gigantesque.
Moi, un pauvre Imana de 15 ans fût ébloui par tant de beauté. Pourtant, j’en
avais connu des manoirs, et même un château, mais celui-ci surpassait tous les
autres.
- N°1, montre-lui le dortoir, dit mon maître
de sa voix grave, et donne lui ensuite du travail.
- Bien maître.
L’Imana n°1 me prit par le bras et on se
dirigea vers l’escalier qui menait au sous-sol. Je regarde par dessus
mon épaule, et voit un esclave de la même couleur de peau que mon maître lui ouvrir une porte qui avait l’air de donner sur une grande salle. Alors
comme ça, même ceux qui ont la peau blanche peuvent aussi être esclave ?
OoOoO
- Qui ?
De quoi voulait-il parler ? Ah, je
sais, de ceux qui m’ont dénoncé ce qui m’a valu être un esclave.
- La milice.
L’Imana n°1 hocha la tête.
- Je m’appelle Orginald.
- Renmoura.
- En présence du maître, tu dois m’appeler
n°1, ok ? Quel est ton numéro ?
- N°3.
On avance jusqu’à une porte à moitié
défoncée. Orginald l’ouvre dans un craquement. Il y avait dans la pièce
plusieurs couches posées à même le sol. Un petit réchaud, éteint, était au
centre de la pièce. Il ne doit pas dégager beaucoup de chaleur. Je sens que
l’hiver va être froid. Heureusement qu’on est en été.
- Voici le dortoir, dit Orginald en montrant
la pièce.
Il désigna une couche, près d’une autre
porte que celle par laquelle on était entré.
- C’est ton matelas. Sois apprécié du maître
et tu changeras de place pour être près du réchaud. Mécontente-le et tu iras
dans la « chambre froide ». Dis-toi que c’est un frigo sans aliments.
Akabal y est.
- Akabal ?
- N°2. Un Imana, comme nous deux.
- Où sont les autres esclaves ?
- Aux cuisines, dans le jardin, dans la
maison à faire leur boulot.
- Et c’est quoi le mien ?
C’est pas que j’ai super envie de travailler
mais je veux être prêt du réchaud pour l’hiver et il faut du temps pour être
apprécié par un maître donc autant commencer maintenant. Orginald me regarde
des pieds à la tête, pour me jauger puis finalement, il dit :
- Je pense que tu as la carrure pour aller
chercher le bois, mais en ce moment, on n’en a pas vraiment besoin. Je crois
que je vais te mettre à la maison. Tu sais nettoyer une pièce au moins ?
(Je hoche la tête) Bien. Je vais te montrer où est le matériel.
OoOoO
Après cinq pièces
(assez petites, je précise) de nettoyées, je passe à la suivante en ayant mal
partout. Je pousse une porte au hasard et vois qu’elle donne sur le jardin.
Comme j’ai une très grande curiosité, je vais à l’extérieur malgré le fait que
je puisse avoir une grosse punition. La pelouse est bien tondue et de beaux
rosiers ont été plantés à des endroits stratégiques. Je monte à un arbre, un
pin je crois. Comme je suis agile et ne pèse pas lourd à cause de ma
malnutrition, je réussis à monter jusqu’à la cime de l’arbre qui est plus haute
que le toit du manoir qui fait deux étages. Je regarde alors ce que le monde
m’offre. C’est magnifique ! J’ai l’impression d’être immense et de pouvoir
me sauver tout seul de cette vie d’esclavage. C’est avec cette idée en tête que
je redescends de l’arbre. Une forêt était à environ 500 mètres. Je marche
normalement car je sais que si j’ai l’air normal, on ne fera pas attention à
moi. Alors que si je cours… J’entre dans la forêt et sors ainsi du domaine
grâce à celle-ci quelques heures plus tard. Je sais qu’on va me courser. On ne
laisse pas un Imana s’échapper, surtout si ça peut nuire à la réputation du
maître. Pourtant je me suis enfui même si je risque la mort, je n’ai pas
respecté leurs règles. Je cours dans le magnifique champ où je suis arrivé jusqu’à
perdre haleine.
Je serais libre.
Je suis libre.
J’étais libre.
OoOoO
Dites moi ce que vous en avez pensé :D
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