dimanche 21 octobre 2012

Révolution ratée



Je me glisse le long du mur, sans être vue. La réunion se tient dans une rue parallèle à celle-ci et ce genre de réunions est plutôt interdit par le gouvernement. J'arrive finalement à une porte quelconque pour les autres mais pas pour nous. J'y frappe. Le judas de celle-ci s'ouvre, deux yeux verts me regardent avec indifférence.
- Les noisettes sont délicieuses, surtout demain, dis-je.
Mot de passe idiot, mais plus ça l'est, moins on cherchera de ce côté. La porte s'ouvre me laissant seulement la place de passer. Elle se referme immédiatement derrière moi pour empêcher l'intrusion d'un garde royal. Seul eux possèdent des bracelets d'invisibilité. On a déjà essayé d'en voler, mais ils sont trop bien gardés. Je suis mon guide qui me conduit dans une cave suffisamment grande pour contenir la centaine de personnes assises devant moi. Silence total, on attendait le dernier. Moi, c'est donc plutôt la dernière. Je m'assoie sur la seule chaise vide restante, la tension est au plus haut dans la salle. La réunion commence.

 OoOoO

Il est vraiment dingue ce plan. Dans tous les sens du termes. Je n'aurais jamais pensé qu'il puisse exister de plan aussi dangereux qu'idiot. Mais les ordres sont les ordres, donc je les exécute.
J'entre dans le palais sans me faire remarquer par les gardes qui font leur boulot : monter la garde. C'est un don qui vient de ma naissance, je ne deviens pas invisible comme les gardes, on ne me voit pas, c'est différent. Et ce n'est pas de la magie comme on en voyait dans les films et les livres avant que "L'extermination des Imaginateurs" ne soit mise en place il y a de ça des centaines d'années.
Concentre-toi, tu es en mission. Franchement, ma mission est sûrement l'une des plus dangereuses : je dois voler la couronne du roi. Et elle est vachement bien surveillée. Avec tous ces rayons infrarouges, ces alarmes et ces gardes ! On me donne toujours les boulots les plus difficiles. Je commence à en avoir marre. Juré craché, la prochaine fois, je demanderai un truc moins dur.
Je rentre telle une ombre dans la salle où l'on garde la couronne. Je repère en un instant les caméras qui sont placées à des endroits stratégiques. Je colle les lunettes infrarouges sur mon nez pour voir les fameux rayons rouges qui déclenchent l’alarme quand tu les touches. J’entreprends ma danse silencieuse. Je me baisse, tourne, laisse tomber, saute tout en évitant les caméras et toujours sans faire de bruits. Je suis douée. Et ce n'est pas par vantardise que je dis ça.
J'arrive facilement jusqu'à la cage de verre qui contient l'objet de ma mission. Beaucoup trop facilement. Où sont les gardes ? Même avec leur bracelet d'invisibilité, il reste les bruits. Où sont les respirations ? Les déplacements ? Même léger. Et puis les odeurs ? J'ai un odorat très développé et pourtant, je ne sens pas l'odeur typique des gardes due à leur armure. Mais où sont-ils donc tous ?
Bon, les questions plus tard. J'ouvre doucement la cage de verre où repose la couronne sur un petit coussin de velours. Je décide de prendre aussi celui-ci. J'adore le velours. Et puis les gardes, ils s'en ficheront bien du coussin vu que la couronne – beaucoup plus importante – aura disparue. Sans le vouloir, celle-ci tombe de ma main gauche au moment où j'ai avancé ma main droite pour prendre le coussin.
- Merde, je chuchote.
Et puis je les vois. Les gardes qui n'étaient pas là quelques secondes plus tôt. Les laboratoires n'ont quand même pas inventé un nouvel outil qui permet de se déplacer à la vitesse de la lumière sans que notre espion ne soit au courant?
Les questions plus tard voyons. Ils m'ont entourés. Tiens ! J'en reconnais un. C'est le garde qui m'avait violé, il y a quelques mois. Je ne me souviens même plus combien de fois j'ai rêvé de mettre mon poing dans sa figure sale et dégoutante ! À sa vue, je sors mon poignard et je le lance sur lui à la vitesse de l'éclair. Il ne bouge pas, mais le poignard dévie de sa trajectoire pour aller tomber par terre, un peu plus loin. Argh ! J'avais oublié qu'ils possèdent des "détourneurs".
- Plus un geste !  hurle mon odieux garde.
Des fusils à effet laser se pointe sur ma tête.
- À genoux, les mains en évidence !
Je m'exécute. Il s'approche et prend mon menton de sa main répugnante. Ses yeux d'un marron abject me toisent.
- Alors ma jolie, tu te souviens de moi? Ce n’est pas bien de voler, ironise-t-il
- Comment ? je me contente de dire.
Je déteste ne pas comprendre.
- C'est juste un nouveau joujou, ricane-t-il en brandissant son poignet où est attaché un bracelet d'invisibilité, sachant parfaitement de quoi je parle.
Et merde ! Ils ont fait une nouvelle version des bracelets d'invisibilité. Qui en plus, est un succès. C'est pour ça que je ne les avais pas repéré. Mais qu'est devenu notre espion pour passer à côté d'une telle information ?
Un garde m'attache les poignets de façon à ce que j’ai les mains devant moi. Joli nœud. Impossible à défaire. On m'escorte dans une cellule, où je suis jetée sans ménagement. Ils sont débiles ! Ils ne m'ont même pas fouillé. Dès qu'ils sont partis, je me tortille dans tous les sens et arrive à faire tomber ma palephone de ma poche. Avec mes poignets attachés, je peux quand même bouger les doigts. J'envoie donc un message au Q.G qui dit : "Mission raté, prison, nouveau B.I" (B.I pour bracelet d'invisibilité). On ne viendra pas me sauver, c’est évident. Il y a une règle chez nous : On ne sauve pas celui qui s'est fait prendre. Mais le nouveau B.I est une information vitale. J'espère qu'ils annuleront les autres opérations.
Espoir vain, au fur et à mesure des heures, les 3/4 des personnes faisant partie de l'opération me rejoigne dans ma cellule qui devient vite trop petite pour tous nous loger. Quand ils me voient, ils poussent un soupir. J'ai été prise, moi, une des plus fortes du groupe. C'est ce qu'ils doivent se dire. Je crois que quelqu'un nous a trahis. Si jamais j'apprends qui c'est. Je jure que quand il me rejoindra dans "l'ailleurs", je le tuerais à nouveau.

OoOoO

Dix heures du matin arrive, l'heure des exécutions publiques. Cette fois, ce sera nous qu'on exécutera. On nous attache aux poignets des uns et des autres. On est ensuite escorté jusqu'à la place exécutoire. Je suis la première de la longue file. Sur la place, on nous met à genoux devant les citoyens qui nous regardent tous d'une manière différente. Je ne vois aucun visage familier dans la foule obligée de nous voir mourir. Ah si, un. Un gars qui fait parti de notre groupe. Mon fiancé depuis un mois. Il me regarde, les larmes aux yeux. J'esquisse un petit sourire comme si tout allait bien dans l'espoir vain de le réconforter. Un garde se place derrière moi. Pareil pour les autres. Le général en chef des armées s'avance et commence son baratin sur le fait que c'était ce qui arrivait aux rebelles, et tout le blabla qui va avec. Il se tourne alors dans notre direction. Il lève haut la main. On entend le bruit caractéristique des pistolets lasers qui pointent notre tête. Ensuite, je regarde mon fiancé pour emporter son image avec moi dans "l'ailleurs", sachant que le général en chef vient de baisser la main. Une seule et unique détonation provenant des 62 fusils à effet lasers s'entend et je tombe dans une mare de sang, une balle dans la tête. Adieu mon futur mari. Je retourne voir mon frère et ma famille.


Dites moi ce que vous en avez pensé :D

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